L’investissement socialement responsable : les Québécois semblent prêts à prendre le virage.

Montréal, le 19 février 2014 – L’étude « Les Québécois et l’investissement socialement responsable : portrait 2014 », qui porte sur la relation des investisseurs particuliers québécois à l’investissement socialement responsable (ISR), a été dévoilée lors d’un 
déjeuner-causerie à la Maison du développement durable. L’étude a été réalisée par l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable (OCR), en collaboration avec le Mouvement Desjardins, le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs et le Carleton Centre for Community Innovation.

Objectif de l’étude

En 2012, les actifs ISR représentaient, au Canada, environ 20 % des actifs sous gestion dans l’industrie financière. L’épargne des investisseurs particuliers dans des produits ISR correspondait, quant à elle, à seulement 2 % des actifs sous gestion ISR. Cette part a toutefois connu une hausse de 8 % en deux ans. L’intérêt d’une telle étude est de comprendre le comportement des investisseurs particuliers québécois. Bien qu’ils démontrent un intérêt marqué pour les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) dans diverses sphères de leur vie, les Québécois semblent négliger ces critères au moment de choisir leurs produits financiers. À cet égard, Fabien Durif, professeur au Département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM (ESG UQAM) et directeur de l’OCR, soulève quelques données probantes sur le paradoxe : « 92,1 % des Québécois sont fortement préoccupés par la pollution; 89,1% par les droits humains; et 88,9 % par la corruption! Pourtant, quand vient le temps d’investir, seulement le tiers d’entre eux est préoccupé par les critères ESG, pourtant considérés comme des leviers fondamentaux de changements ».

Constats

L’étude démontre qu’en général, les Québécois ne sont pas à l’aise avec le milieu de la finance et n’épargnent pas en raison de leur manque de connaissances, d’intérêt ou de leur revenu disponible. En effet, moins de quatre Québécois sur dix estiment avoir une bonne connaissance du domaine financier, et à peine un tiers se tient régulièrement au courant des questions financières. Le problème majeur qui nuit à l’ISR est que seulement 6,6 % des Québécois affirment être en mesure d’épargner, et peu d’entre eux prévoient des investissements pour leur avenir.

Le développement limité de l’ISR s’explique également par le manque de notoriété de ce type d’épargne. 56,9 % des répondants n’avaient jamais entendu parler d’ISR et seulement 8,5 % ont déjà fait l’acquisition de produits d’ISR. Le public manque d’information (56,9 %) permettant de vulgariser la complexité des produits, et celle qui est disponible est perçue comme peu transparente (42,9 %).

La bonne nouvelle est que les Québécois sont prêts à changer leur comportement d’épargne, ce qui favorisera l’ISR. 53,3 % des répondants désirent préparer leur retraite de manière intelligente et 36 % d’entre eux considéreront le choix de l’ISR lors de leurs prochains placements financiers ce qui leur permettra d’être en cohérence avec les autres choix de consommation écoresponsable. Fait encourageant, pour deux tiers des Québécois, le rendement n’est plus un frein majeur en comparaison à des produits de placement traditionnels.

« L’étude livre les réponses essentielles à la sensibilisation, à l’éducation et au développement de l’ISR auprès des investisseurs particuliers québécois. Les organisations devront développer des outils afin de sensibiliser la population à l’ISR et rendre ce produit accessible », précise Brenda Plant, consultante en ISR chez Ellio, coauteure de l’étude.

Méthodologie

L’étude a été réalisée auprès de 1008 répondants du panel de la firme MBA Recherche du 10 au 24 janvier 2014. Les données ont été pondérées en fonction des références de Statistiques Canada (sur le sexe, l’âge et le lieu de résidence) pour être conformes aux tendances démographiques. Comme il s’agit d’un panel de consommateurs, le calcul de la marge d’erreur ne s’applique pas.

À propos de l’Observatoire ESG UQAM de la consommation responsable (OCR)

Rattaché à l’ESG UQAM, l’OCR a pour mission le transfert de connaissances. Regroupant une quinzaine de chercheurs, et dirigé par le professeur Fabien Durif, l’OCR réalise régulièrement des études sur la consommation écoresponsable au Québec et à l’international. Sa mission est de contribuer au développement de l’analyse scientifique et pratique du phénomène de la consommation responsable en donnant aux chercheurs universitaires et institutionnels, aux praticiens, aux citoyens, aux OBNL, ainsi qu’aux médias, un accès aux connaissances existantes et à des données pertinentes.